LETTRE OUVERTE À Mme BUZYN et Mr BELLIVIER

LA CONTENTION N’EST PAS UN SOIN
Lors d’un colloque organisé au sénat, en septembre 2015, en présence de plusieurs parlementaires des deux assemblées nous avons initié une pétition http://www.hospitalite-collectif39.org/?NON-A-LA-CONTENTION
 
 Nous affirmions entre autre dans ce texte que la contention n’est pas un soin comme le précisera ensuite l’Article 72 Isolement et Contentiondela loi de santé de   LOI n°2016-41 du 26 janvier 2016 – art. 72
 
 Le psychiatre décide de céder sur sa fonction soignante et de mettre un patient en contention quand l’équipe soignante est débordée par l’agitation de patients en crise, dans un contexte de tensions relationnelles, avec un sentiment d’insécurité face à des manifestations bruyantes et parfois inquiétantes.
 
Mais d’ou vient ce débordement des professionnels par les manifestations paroxysmales de certains patients ? De leur manque d’organisation comme vous le répétez souvent ? De leur manque de formation à des pratiques dites innovantes ? De leur incompétence parce que leurs outils conceptuels ne seraient plus opérants ?
 
Vous ne comprenez-pas bien la situation comme vous l’a si bien dit une infirmière lors du récent débat télévisé sur « le naufrage de la psychiatrie » .
 
Vous n’entendez pas tous ces mouvements de grève dans les hôpitaux psychiatriques. Le cri des infirmières et infirmiers qui vont jusqu’à mettre leur vie en danger ( grève de la faim à Rouen, perchés du Havre) pour réclamer plus de moyens et moins de contraintes bureaucratiques, sécuritaires et normatives.
 
Ils en ont assez, par manque de moyens humains, par manque d’espace d’élaboration des enjeux psychiques, par manque de formation à la relation, d’être amenés à n’avoir d’autre choix que la contention et l’isolement. Ils souffrent de maltraiter les patients et d’être empêchés de faire leur métier. Ils sont transformés en gardiens acculés à des pratiques indignes qui ruinent le lien entre les patients et leurs familles et les soignants.
 
Peut être convient-il de vous rappeler les propos d’Adeline Hazan,(CGLPL)  http://www.cglpl.fr/2016/isolement-et-contention-dans-les-etablissements-de-sante-mentale/  « Le manque de moyens est évident. Les praticiens nous expliquent souvent que s’ils disposaient d’une heure pour faire baisser la pression lors d’un moment d’agitation d’un patient, cela permettait d’éviter l’isolement ou la contention physique »
 
Comment restaurer une confiance quand les personnes censées soigner vous attachent les 4 membres, voire vous sanglent le torse pendant plusieurs heures, jours, semaines, mois ? Les équipes sont de plus en plus démunies face aux injonctions qui pèsent sur elles et qui leur font violence.
 
La maladie mentale est une maladie du lien à l’autre. La contention et l’isolement, pratiques régressives d’un autre temps, signent l’échec du soin dans un moment crucial où les patients ont besoin d’apaisement et de réassurance. Dans un moment où ils ont besoin d’une parole et de gestes témoignant d’une réelle empathie pour contenir leur souffrance, ils subissent une vraie violence qui se referme tant sur les patients que sur les soignants. 
 
Voilà pourquoi les professionnels doivent être formés à la relation clinique, à la pycho-pathologie, à une réflexion sur le sens des symptômes qui se manifestent, et pas seulement sur les thérapeutiques médicamenteuses, ni sur des protocoles standardisés. 
 
Nous sommes très inquiets sur le devenir de la prise en charge des patients quand le premier délégué ministériel à la psychiatrie que vous venez tout juste de nommer affirme qu’une pratique dégradante, irrespectueuse des droits des patients, est un soin. Cela confirme nos doutes quant à sa conception de l’homme et de la folie et quant aux soins qui seront apportés aux patients.
 
Collectif des 39
 
Le Fil Conducteur Psy
Voici la lettre ouverte adressée conjointement avec le collectif des 39 qui figure également sur le site du collectif des 39 accessible par clic sur « liens ».

À visionner jusqu’au 10 mai prochain, ce film poignant qui laisse place aux nombreux témoignages des patients, des familles et des soignants sur l’effarante dégradation des conditions d’hospitalisation en psychiatrie

https://www.france.tv/france-3/pieces-a-conviction/944075-psychiatrie-histoire-d-une-depression-chronique.html

« L’enquête révèle à quel point la France est désemparée face à l’urgence psychiatrique. Des familles témoignent et disent leur douleur, mais aussi leur colère aussi face à un corps médical qui, faute de moyens, n’arrive plus à soigner. Du Havre à Aix-en-Provence, en passant par Rennes et Amiens, les caméras de l’émission ont également pu pénétrer dans les hôpitaux psychiatriques pour montrer l’état de délabrement et le manque de personnel.. »

Mort sous traitement … à voir jusqu’au 1er mai 19 …

Ce film documentaire comme un terrible réquisitoire contre ceux qui prônent les dépistages dès le plus jeune âge, puis la médication et la e.psychiatrie au nom de soi-disant critères de scientificité pour mieux tromper et masquer les puissants intérêts des lobbys.

« Alors qu’elle était traitée pour une maladie mentale, la sœur de la documentariste norvégienne Anniken Hoel est brusquement décédée, pour une raison inconnue. Soupçonnant les antipsychotiques prescrits d’être en cause, la réalisatrice se lance dans une enquête qui la mènera jusque dans les méandres de l’industrie pharmaceutique. Elle y découvre un système opaque. Des instances de contrôle étatiques corrompues laissent les lobbies du médicament peser sur les critères de diagnostic des maladies psychiques, entraînant une hausse constante des prescriptions. Après dix ans d’investigation, Anniken découvre ainsi qu’il existe des dizaines de milliers de cas similaires à celui de sa sœur : des victimes qui semblent ignorées par les autorités. Partant d’une petite ville de Norvège pour enquêter à travers la Scandinavie, l’Europe et jusqu’aux États-Unis, ce documentaire dévoile les agissements et les motivations d’une industrie surpuissante qui place ses profits avant les vies humaines »

À voir sur Arte jusqu’au 1er mai prochain … mort sous traitement/ARTE

 

 

 

 

La folie à l’abandon

Avant le 20 avril,

Prenez 1h de votre temps pour regarder ce film remarquable diffusé par Fr3 mercredi 20 mars, la veille de la manifestation à l’appel du Printemps de la psychiatrie, et lisez aussi l’article que lui a consacré le Nouvel Obs

https://www.nouvelobs.com/ce-soir-a-la-tv/20190320.OBS10793/la-folie-a-l-abandon-contre-une-psychiatrie-carcerale.html

https://www.france.tv/documentaires/societe/927521-la-folie-a-l-abandon.html

 

Le 21 mars … comme si vous y étiez … À l’appel du « Printemps de la pyschiatrie » …

SOLIDAIRES DES SOIGNANTS, DES ASSOCIATIONS ET DES SYNDICATS QUI PRÔNENT UNE APPROCHE HUMANISTE ET DES PRATIQUES PLURIELLES DES SOINS EN PSYCHIATRIE,

HOSTILES AUX PRATIQUES QUASI SYSTÉMATIQUES DE CONTENTION ET D’ISOLEMENT, nous étions présents avec la lecture d’un texte au pied de la statue de Pinel, le matin :

« Le Fil conducteur Psy réunit des familles, parents et fratries, des patients et des soignants, tous touchés à des places différentes par la maladie psychique et sa prise en charge.

Ce qui nous rassemble : l’expérience de vécus difficiles et douloureux sur les questions de l’accueil, du soin et de l’accompagnement des patients et de ses proches.

Nous faisons œuvre commune pour :

  • Faire entendre la spécificité de la maladie psychique,
  • Elaborer et formuler des propositions auprès des professionnels de santé et des institutions
  • Défendre une approche plurielle et humaniste de la folie

La maladie mentale n’est pas une maladie comme les autres. C’est une maladie du lien qui doit être traitée comme tel : soigner, c’est prendre soin du lien. Dès lors, la psychiatrie ne peut pas être une médecine comme les autres.

Solidaires des luttes engagées par les soignants, enfermés tout comme les patients, leurs familles et proches, dans le cercle d’une violence institutionnelle … il est fondamental de dénouer et déjouer ce cercle de la violence par :

  • L’abolition des pratiques de contention et d’isolement
  • Le refus de l’enfermement dans les familles
  • Le refus de l’enfermement des familles assignées à un rôle d’unique recours en lieu et place des soignants pour le suivi et l’accompagnement tout au long de la maladie
  • Le rejet de l’enfermement dans des logiques de réponse uniquement médica….MENTEUSES qui exproprient la parole des patients en tant que sujet, sujet de leur vie. »

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Plusieurs médias se sont fait l’écho de la manifestation. Les liens pour accéder à leurs articles figurent ci-dessous. Hospimédia n’est pas en accès libre (dommage !). Plusieurs ont oublié les familles (dommage !). L’article du journaliste du Monde est le seul à citer des verbatims et à restituer avec fidélité l’atmosphère de cette manifestation.

Le Monde numérique

https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/03/22/les-personnels-psychiatriques-battent-le-pave-pour-reclamer-un-renouveau-des-soins-psychiques_5439586_3224.html?xtmc=psychiatrie&xtcr=1

Huffingtonposte

https://www.huffingtonpost.fr/2019/03/21/pour-une-psychiatrie-plus-humaine-les-medecins-infirmiers-et-patients-dans-la-rue_a_23698022/?ncid=other_email_o63gt2jcad4&utm_campaign=share_email

Ouest France

https://www.google.com/amp/s/www.ouest-france.fr/sante/psychiatrie-environ-300-manifestants-paris-pour-des-soins-plus-humains-6273424/amp

Le Nouvel Obs

https://www.google.com/amp/s/www.nouvelobs.com/sante/20190321.OBS2226/gilets-blancs-acte-2-le-soin-en-psychiatrie-c-est-avant-tout-du-temps.amp

Hospimédia

http://www.hospimedia.fr/actualite/reportages/20190321-dialogue-social-les-manifestants-du-printemps-de-la

Le 21 mars … nous y serons …

Dans le cadre du manifeste pour un renouveau des soins psychiques et du mouvement du « Printemps de la psychiatrie », nous nous associons à l’Appel à la manifestation du 21 mars prochain.

Nous, familles et proches, dont les fratries, soignants, soignés, sommes solidaires des violences institutionnelles qui s’abattent tant sur les patients, leurs familles que sur les soignants, englués dans une logique managériale mortifère.

Nous avons signé l’Appel, nous serons présents.

Pour nous, il est FONDAMENTAL de Dénouer et Déjouer le cercle de la violence par :

  • L’ABOLITION DE LA CONTENTION ET DE L’ISOLEMENT
  • LE REFUS DE L’ENFERMEMENT DANS LES FAMILLES et L’ENFERMEMENT DES FAMILLES COMME SEUL RECOURS EN LIEN ET PLACE DE L’ACCOMPAGNEMENT ET DU SUIVI
  • LE REJET DE L’ENFERMEMENT DANS LES LOGIQUES DE RÉPONSE UNIQUEMENT MÉDICA … MENTEUSES qui exproprient la parole des patients en tant que sujet, sujet de leur vie.

Cliquez pour voir le texte et les horaires de la manifesation

appel manifestation 21 mars

À écouter, à lire, à agir …

Des échéances de mobilisation à venir au auxquelles nous participerons :

  • le 21 mars dans le cadre du Printemps de la Psychiatrie
  • le 31 mars dans le cadre des Semaines de la Folie Ordinaire

Dans les jours à venir, nous donnerons les informations sur l’organisation de ces manifestations. Dans l’intervalle, et pour attendre en se documentant, voici le lien de la dernière des 4 émissions que France Culture a consacré à la santé mentale dont l’avant-propos présente le thème :

« Peut-on établir une corrélation entre précarité et maladie mentale ? Si le capitalisme ne crée pas des fous, il crée en tout cas des normes : la rationalité néolibérale tend, en effet, à imposer sa propre définition du sain et du pathologique. Une définition qui peut se muer en outil de contrôle … »

https://www.franceculture.fr/emissions/entendez-vous-leco/a-votre-sante-44-les-malades-du-capitalisme.

Les interviews de Lise Demailly, sociologue et de Mathieu Bellahsen, psychiatre s’adossent à leurs ouvrages :

  • « Sociologie des troubles mentaux« , de Lise Demailly, La découverte 2011
  • « La Santé mentale, vers un bonheur sous contrôle » de Mathieu Bellahsen, La Fabrique, 2014

Et aussi un site ressources qui regorge de références bibliographique et que nous vous recommandons : contrastcollectif.wordpress.com. Et notamment un ouvrage :

« Octobre 2018, l’ouvrage issu des travaux du collectif Contrast est paru

Publié sous la direction de Livia Velpry, Pierre Vidal-Naquet et Benoît Eyraud, et intitulé «Contrainte et consentement en santé mentale – Forcer, influencer, coopérer», l’ouvrage collectif sort aux Editions PUR, collection « Le Sens Social ».  Il rassemble les résultats des enquêtes empiriques menées par les membres du collectif Contrast dans le champ de la santé mentale, contextualisant les dilemmes engendrés autour de la régulation des pratiques de soins. »

Retrouvez les références des ouvrages et des sites ressources sous l’onglet : »Lectures »

Les chocs de l’actualité

Le 22 janvier, la manifestation à l’Appel du Printemps de la Psychiatrie a eu un écho médiatique … mais plus encore le drame de l’incendie à Paris, due à une personne sortie récemment d’une 13ème hospitalisation psychiatrique… en 10 ans.

Dire et répéter jusqu’à l’obsession que le manque de moyens, mais aussi de suivi et d’accompagnement « chronicise » la maladie au risque de terribles effets. Il faut que d’effarants évènements se produisent pour que les médias « s’autorisent » à se pencher sur l’état gravissime dans lequel est plongée la psychiatrie, avant-pont de l’état dans lequel se trouve l’hôpital, la santé … la société…

Les « médias » en parlent certes, cependant dans un moment d’effroi et de stupeur qui risque de rendre le propos inaudible. Voilà pourquoi, nous, familles, patients et soignants du Fil conducteur Psy ne voulons pas agir et réagir à chaud.

Écouter, (ré) écoutez l’émission « 28 mn » d’Arte, en fait 46 mn, à partir du lien ci-après, qui débute à la 14ème mn.

https://www.arte.tv/fr/videos/081632-117-A/28-minutes/

 

 

 

 

Des sites et des liens …

Suivez le fil d’info des manifestations et évènements à venir sur notre blog certes, mais aussi sur les blogs amis et notamment celui qui vient de s’ouvrir « Le printemps de la psychiatrie«   depuis la manifestation du 22 janvier dernier et que vous pourrez retrouver dans la rubrique liens de notre blog

https://printempsdelapsychiatrie.org/

À lire, l’article du nouvelObs, remarquablement intéressant :

https://www.nouvelobs.com/sante/20190124.OBS10443/ce-qui-est-en-crise-c-est-notre-hospitalite-la-psychiatrie-craque.html

À écouter, l’émission de France Inter du samedi 2 février dernier « Comme un bruit qui court » sur la situation de la psychiatrie, et les échos de la manifestation du 22 janvier et puis … l’interview d’un père dont la fille est restée 7 mois à l’isolement

https://www.franceinter.fr/emissions/comme-un-bruit-qui-court

 

 

22 janvier 2019 … Debout !!

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Nous y étions avec la lecture en duo, d’un texte joint ci-après :

« Félicitations à tous pour cette formidable mobilisation.

Le Collectif des 39 et le Fil conducteur Psy s’associent à tous ces mouvements soutenant un désir puissant de transformation des conditions d’accueil et de soins des patients pour une psychiatrie respectueuse de la restauration du sujet.

Selon la fondation « Fondamental » et les ministères de la Santé successifs, la folie ainsi que toutes les difficultés d’accès aux soins seront résolues par le retour de la psychiatrie dans le giron de la médecine dite scientifique.

Ils reprochent à la psychiatrie de s’être éloignée de la science, alors que c’est précisément parce qu’elle s’est ouverte aux sciences sociales et à la psychanalyse que la psychiatrie s’est humanisée et distinguée de la neurologie.

La régression de la psychiatrie est voulue et soutenue de longue date par une lignée de psychiatres qui s’appuient sur une vision mécaniste de l’homme et de la folie, réduisant ces pathologies à des maladies du cerveau.

Cela fait plus de trente ans que ce courant de pensée, soutenu par nos politiques gouvernementales et les lobbys pharmaceutiques, participe d’un écrasement du sujet au profit d’une logique de tri des malades afin d’écarter du soin les plus difficiles à soigner.

Dans les années 80-90, la moitié des lits sont supprimés. Une partie des malades les plus touchés sont orientés vers des établissements médicosociaux, mais bon nombre sans place se retrouvent dans leur famille et beaucoup glissent dans la rue ou en prison.

Dans les années 2000, la poursuite de la diminution des moyens humains et des capacités d’hospitalisation, associée à cette même rationalité scientifique, attaque fortement la disponibilité, les initiatives et la créativité dans les relations avec les patients et les familles.

Dans ce contexte de contraintes, les professionnels sont de plus en plus démunis face à la souffrance psychique, ce qui entraîne alors les pratiques d’isolement et de contention généralisée pour faire taire les symptômes.

Cette violence exclue la parole en tant que lieu possible d’une restauration du lien.

« Psychiatrie, état d’urgence« , le livre propagande de Fondamental, hyper médiatisé, est une IMPOSTURE : les auteurs ignorent totalement la possibilité d’un soin psychique. Et les professionnels formés à cette conception des maladies mentales,  maladies jugées comme les autres maladies organiques, sont pris dans la logique destructrice du lien thérapeutique.

Les « centres experts » ne sont pas là pour soigner mais pour conférer aux « diagnostics DSM » une irréfutabilité scientifique, puis « trier » et « orienter ». Le patient n’a qu’à obéir à l’autorité des experts, car comme le déclarait le Dr Marion Leboyer sur France Culture, « ce n’est pas son métier de savoir comment se soigner » !!!

Au prétendu bénéfice d’une « meilleure inclusion du patient dans la cité« , les soins au domicile deviendront la norme et accentueront l’abandon des soins relationnels.

Réduire encore et toujours plus les lieux d’accueils, les structures de suivi est encore possible. Les patients les plus touchés seront, encore plus tôt, laissés au bord de la route.

On continue à déplacer la prise en charge au long cours vers les familles livrées à elles-mêmes et de plus démunies, mais considérées comme des « aidants ».

PATIENTS, SOIGNANTS, PARENTS ET TOUT CITOYEN CONCERNÉ PAR LA PSYCHIATRIE ET LA PÉDOPSYCHIATRIE, DÉBATTONS ET SOUTENONS COLLECTIVEMENT DES SOINS PSYCHIQUES ÉMANCIPATEURS DU SUJET EN S’APPUYANT SUR LES EXPÉRIENCES DE CHACUN ET NON PAS SUR DES EXPERTS ASSUJETTIS AUX LABOS,

RÉINVENTONS UNE HOSPITALITÉ POUR LA FOLIE …

DEBOUT POUR LE PRINTEMPS DE LA PSYCHIATRIE !

Le soir même, France Inter consacrait son émission « le téléphone sonne » à la situation de la psychiatrie, en écho à la manifestation.

À écouter ou réécouter en cliquant sur le lien :

https://www.franceinter.fr/emissions/le-telephone-sonne/le-telephone-sonne-22-janvier-2019

 

 

Debout pour le Printemps de la psychiatrie ! Mardi 22 janvier

Nous relayons le texte du Manifeste dont nous sommes signataires que nous reproduisons ci-après.

Printemps de la psychiatrie

Manifeste pour un renouveau des soins psychiques

La psychiatrie et la pédopsychiatrie n’en peuvent plus. Depuis déjà plusieurs décennies, ceux qui les font vivre ne cessent de dénoncer leur désagrégation et de lutter contre le déclin dramatique des façons d’accueillir et de soigner les personnes qui vivent au cours de leur existence une précarité psychique douloureuse. En vain le plus souvent. Ce qui est en crise, c’est notre hospitalité, l’attention primordiale accordée à chacun et à un soin psychique cousu-main, à rebours du traitement prêt-à-porter standardisé qui se veut toujours plus actuel. Les mouvements des hôpitaux du Rouvray, Le Havre, Amiens, Niort, Moisselles, Paris, etc… ont su bousculer l’indifférence médiatique et rendre visible au plus grand nombre le chaos qui guette la psychiatrie. Pour percer le mur du silence, il n’aura fallu rien de moins qu’une grève de la faim …

Devant cette régression organisée, nous nous engageons tous ensemble à soigner les institutions psychiatriques et à lutter contre ce qui perturbe leur fonctionnement. Patients, soignants, parents, personnes concernées de près ou de loin par la psychiatrie et la pédopsychiatrie, tous citoyens, nous sommes révoltés par cette régression de la psychiatrie qui doit cesser. Il s’agit pour nous de refonder et construire une discipline qui associe soin et respect des libertés individuelles et collectives.

Contrairement à la tendance actuelle qui voudrait que la maladie mentale soit une maladie comme les autres, nous affirmons que la psychiatrie est une discipline qui n’est médicale qu’en partie. Elle peut et doit utiliser les ressources non seulement des sciences cognitives, mais également des sciences humaines, de la philosophie et de la psychanalyse, pour contribuer à un renouveau des soins axés sur la reconnaissance de la primauté du soin relationnel. Notre critique de ce qu’est devenue la psychiatrie ne peut faire l’impasse sur la responsabilité de ses gestionnaires.

Les avancées de la recherche scientifique ne peuvent durablement être confisquées par des experts auto-proclamés dont les liens avec l’industrie pharmaceutique sont suspects. Les savoirs scientifiques ne doivent pas servir d’alibi à des choix politiques qui réduisent les sujets à un flux à réguler pour une meilleure rentabilité économique. Nous sommes face à une véritable négation du sujet et de sa singularité, au profit de méthodes éducatives, sécuritaires ou exclusivement symptomatiques. Les interdits de pensée sont devenus la règle d’une discipline où l’on débat de moins en moins. La psyché humaine est tellement complexe qu’elle n’obéit à aucune causalité, simple et univoque, et se moque des réductions idéologiques. Toute approche privilégiant une réponse unidimensionnelle est nécessairement à côté. Nous récusons, dès lors, toute politique d’homogénéisation des pratiques. Une politique qui détruit la cohérence des équipes et instrumentalise la parole des patients fige la capacité d’inventer à force d’injonctions paradoxales, dans la nasse de discours sans épaisseur et mortifères.

Aussi, si le budget de la psychiatrie, sans cesse rogné depuis des années, doit  être largement revalorisé, comme l’exigent toutes les mobilisations actuelles, c’est l’appauvrissement des relations au sein des lieux de soins qui est notre souci premier. La standardisation des pratiques protocolisées déshumanise les sujets, patients et soignants. Le recours massif aux CDD courts, le tarissement organisé de la formation continue, l’inadéquation des formations initiales qui privilégient cours magistraux et visionnages de DVD sans interactions entre les étudiants et leur formateur, contribuent à la désagrégation des équipes au sein desquelles le turn-over est de plus en plus important. La continuité des soins et la cohésion des équipes en sont durablement compromises. Nous devons opposer à cet état de fait la spécificité de la maladie psychique, qui sous-tend la nécessité d’une approche singulière et d’un travail spécifique d’équipes pluridisciplinaires en institution psychiatrique ainsi que dans le médico-social, et la co-construction d’alliances thérapeutiques fécondes avec les personnes accueillies. C’est tout le monde de la psy et des psys, en institution ou pas, qui est concerné.

Nous voulons en finir avec l’augmentation continuelle du recours à l’isolement et à la contention, la contrainte doit cesser d’être la norme. Le droit des patients, hospitalisés ou non, est régulièrement ignoré, parfois volontairement bafoué. Cette violence institutionnelle, régulièrement condamnée par la Cour Européenne des Droits de l’Homme, touche en premier lieu les soignés, mais affecte aussi les soignants. La psychiatrie et le secteur médico-social doivent pouvoir s’appuyer sur des équipes stables avec des personnels non interchangeables quel que soit leur statut. Ils doivent pouvoir bénéficier d’un assise solide qui autorise la parole et propose de véritables évolutions de carrière.

Au-delà du soin, nous voulons travailler à des accompagnements alternatifs, nouer des liens équilibrés avec les différentes associations qui œuvrent dans la cité. Nous voulons multiplier les lieux qui cultivent le sens de l’hospitalité avec un accueil digne et attentif aux singularités de chacun.

Nous nous engageons à participer, organiser, soutenir tout débat, toute action ou mouvement cohérent avec ce manifeste, avec tous les professionnels, leurs syndicats, les collectifs, les associations de familles et d’usagers, et l’ensemble des citoyens qui souhaiteraient soutenir et développer une psychiatrie émancipatrice du sujet.

Nous appelons à participer à la manifestation nationale du 22 janvier à Paris.

RDV devant l’hôtel « Plaza Crowne » 10 Place de la République à partir de 11h

Slogans, banderoles, pancartes, chansons, etc. seront les bienvenus le jour J !

Liste des groupes et syndicats soutenant l’initiative :

 Appel des appels (ADA) ; Association des psychiatres de secteur infanto-juvénile ; Association méditerranéenne de psychothérapie institutionnelle (AMPI) ; CEMEA ; CGT du CH de Lavaur (81) ; Collectif des 39 ; Collectif national des psychologues hospitaliers ; La Criée ; Ensemble ! ; Fédération Des Centres Médico-Psycho-Pédagogiques ; Le Fil conducteur Psy ; Humapsy ; Inter-collèges des psychologues hospitaliers ; PCF ; Pinel en lutte ; Le Point de Capiton ; Les Psy causent ; Psychiatrie Parisienne Unifiée ; Psy soins Accueil ; La Rattroupe, collectif soignant ; Réseau Européen des Santé Mentale Démocratique ; SERPSY ; Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux (SPH) ; Fédération Sud Santé Sociaux ; Union Syndicale de la Psychiatrie (USP)