qui sommes nous ?

Le Fil conducteur réunit des familles, parents et fratries, des patients et des soignants, tous touchés à des places différentes par la maladie psychique et sa prise en charge.

Le Fil conducteur poursuit les débats amorcés dans le cadre de l’atelier consacré aux familles lors des Assises citoyennes pour l’hospitalité en psychiatrie et dans le médico-social qui s’est tenu à Villejuif en 2013.

CE QUI NOUS RASSEMBLE

L’expérience de vécus difficiles et douloureux autour des questions de l’accueil, du soin et de l’accompagnement du patient et de ses proches, tant au début de la maladie que sur le long cours

La psychiatrie ne peut être une médecine comme les autres. La maladie psychique est une maladie du lien ; elle doit être traitée en tant que telle : « Soigner c’est prendre soin du lien »

NOS BUTS

Familles, parents et fratries, patients et soignants, nous tenons à faire œuvre commune pour :

Faire entendre la spécificité de la maladie psychique.

Elaborer et formuler des propositions auprès des professionnels de santé et des institutions

Défendre une approche plurielle et humaniste de la folie

Si vous partagez nos sensibilités, REJOIGNEZ-NOUS ! Contactez-nous.

 Appel du Fil Conducteur Psy

Cet appel est le fruit de nos réflexions et d’un travail collectif. Il constitue notre Charte, notre Manifeste auprès des acteurs institutionnels en matière de Politique de Santé Publique.

LA MALADIE PSYCHIQUE N’EST PAS UNE MALADIE COMME LES AUTRES

En considérant la maladie psychique comme les autres maladies, en la réduisant à un diagnostic et à un traitement, en réduisant le soin, on assiste à un changement de « l’esprit » du soin psychiatrique.

L’accueil d’une personne en souffrance devient trop souvent aujourd’hui maîtrise d’une personne agitée. Et par maîtrise, il faut entendre pratiques de contention, d’isolement qui se généralisent. Une violence institutionnelle s’abat sur la personne en souffrance.

La psychiatrie ne peut être une médecine comme les autres. Une conception purement organique revient à nier que le lien et la relation nous constituent en tant qu’être humain. Les familles qui côtoient au quotidien la souffrance de leur(s) proche(s) savent que cette souffrance altère le lien. Soigner consiste à prendre soin des liens.

La personne en souffrance et son histoire singulière disparaissent derrière des conceptions qui réduisent le malade à son symptôme. Cette visée réductrice apparait dans un contexte de restrictions budgétaires.

La maladie psychique n’étant pas une maladie comme les autres, la psychiatrie ne saurait être une médecine comme les autres : les diagnostics et traitements ne doivent pas être les seuls critères pour orienter le soin. Une psychiatrie humaine est nécessaire, avec attention, écoute et parole.

La formation spécifique en psychiatrie pour les infirmiers n’existe plus depuis 1992. Ce manque de formation et d’expérience partagée en équipe contribue à la peur des patients en crise et à la généralisation des pratiques de contention. 

Une formation spécialisée pour les professionnels de la psychiatrie est nécessaire. Ils  sont le pivot dans le soin au quotidien. Il faut un savoir spécifique pour appréhender la maladie psychique afin de ne pas recourir à la contention par peur et par méconnaissance de la maladie.

LA DISCONTINUITÉ ET LE MORCELLEMENT DES SOINS

Le manque de coordination dans le suivi des patients les soumet à un parcours de soins chaotique au risque de rechutes de plus en plus fréquentes et profondes de nature à chroniciser l’état de maladie.

Une réelle coordination du suivi du patient par une seule équipe qui assurerait la continuité des soins et la coordination entre les différents intervenants successifs, et ce dans toutes les structures accompagnant le patient, quelles que soient ces structures : hôpitaux de jour, foyers, appartements thérapeutiques, CMP…

L’INSUFFISANCE DES STRUCTURES D’ACCUEIL ET DE SUIVI

L’insuffisance des structures et des capacités d’accueil favorisent les décompensations et renforcent les souffrances des patients et de leurs familles.

 Les structures d’accueil du secteur sont essentielles dans la prise en charge des malades. Elles doivent pouvoir être jointes 24 heures sur 24. Elles doivent être en mesure d’envoyer une équipe auprès des patients en cas d’urgence ou à leur demande et/ou celles des proches

En cas de crise, depuis quelques années, on assiste souvent au passage obligatoire par le service des urgences d’un autre hôpital que celui où le patient est suivi et connu.

Lorsqu’une personne en souffrance est suivie dans un hôpital, en cas de crise, elle doit être emmenée directement dans cet hôpital. Et non passer par un circuit de secteur qui répond à une logique administrative du circuit des urgences hospitalières.

Il y a un manque criant de structures d’accueil et de soin, de logements thérapeutiques,  pour les malades au long cours..

L’accompagnement social est nécessaire mais ne peut se substituer au soin psychiatrique au long cours

Les patients atteints de maladie au long cours ont besoin de structures de soin et d’accueil dédiées. Il est nécessaire et urgent de développer des structures d’accueil dans la durée et des alternatives qui soient pérennes et réparties équitablement sur les territoires.

 

Les sorties après hospitalisation sont peu ou mal préparées, voire inexistantes, souvent sans suivi.. Un protocole administratif ne suffit pas pour assurer une nécessaire continuité des soins.

La préparation de la sortie de l’hôpital doit faire partie du soin. Cette sortie du patient doit être préparée, en concertation avec le patient, son entourage et l’équipe qui le suivra

Des hospitalisations qui se succèdent ne peuvent qu’aggraver la maladie,

L’articulation du sanitaire et du médicosocial ne peut pas se faire au détriment du soin.

L’aspect positif de la reconnaissance du statut de « handicapé psychique » qui ouvre des droits sociaux ne doit pas pour autant occulter la nécessité d’un travail psychothérapeutique aussi longtemps que nécessaire. Travail qui relève du champ sanitaire et non du seul champ médicosocial.

SOUTENIR LE LIEN, ACCOMPAGNER L’ENTOURAGE

Autrefois exclues, les familles sont aujourd’hui de plus en plus sollicitées pour pallier les multiples manques des services de soins tant hospitaliers que de suivi en matière d’accueil et d’accompagnement. Elles deviennent « aidants familiaux ».

Un adulte qui bascule dans la maladie psychique, doit être pris en charge par un ensemble diversifié de services et structures en fonction de la singularité de sa maladie et de ses aspirations.

L’accueil de l’entourage du patient est un moment du soin qui devrait être considéré comme une étape méritant toute l’attention de l’équipe soignante qui va prendre la situation en charge. 

Prendre du temps pour instaurer un dialogue apaisant avec les uns et les autres. Respecter les limites psychiques de l’entourage est indispensable.

Dans la maladie psychique,  le malade n’est pas le seul concerné, tout l’entourage est entraîné dans le maelström.

Apporter de l’attention, de l’écoute et du soutien aux personnes proches ou vivant avec une personne malade psychiquement. L’accompagnement des familles et des fratries ne peut se limiter à des programmes de formation.

Le  recours au domicile familial comme lieu de soin est banalisé : cette banalisation entraine des conséquences morbides pour l’entourage, en particulier les mineurs.

Dans un contexte de basculement des prises en charge vers les familles, la prise en compte de la situation de l’ensemble des personnes impliquées est une nécessité. La psychiatrie contemporaine ne s’intéresse qu’aux personnes adultes identifiées dans un rôle d’aidant. Il est pourtant impératif de prendre en compte les besoins spécifiques de l’entourage immédiat : les fratries ou les enfants des patients.

La pression budgétaire de plus en plus prégnante transforme insidieusement les parents voire les proches en « aidants », chargés de prendre en charge et d’assumer le glissement progressif des soins  vers le domicile.

La réduction drastique des lits, des moyens en personnel hospitalier, en structures d’accueil et de suivi, contribue à ce que le système de soins de la maladie psychique qui prend forme, soit de plus en plus dégradé, inégalitaire et inhumain, hormis quelques lieux singuliers qui se battent pour maintenir dignité et humanité dans le soin et le respect des personnes en situation de maladie psychique.